top of page
La chononutrition, c'est bon !

Le nom résume bien l’idée de ce régime baptisé chrononutrition et inventé dans les années quatre-vingt par les docteurs Delabos, nutritionniste, et Rapin. Il s’agit de s’alimenter en fonction du moment de la journée. Mais contrairement à ce que l’on peut penser, ce n’est pas par goût ou par habitude, mais en suivant le rythme circadien qui cadence notre journée, ce que beaucoup nomment la chronobiologie. Notons que les chercheurs américains Jeffrey Hall, Michael Rosbash et Michael Young ont été récompensés du prix Nobel de médecine 2017 pour leurs travaux sur le rythme circadien, ce n’est pas rien. En fait, en fonction du moment du jour et de la nuit, notre métabolisme va sécréter différentes enzymes et hormones qui nous permettent, entre autres, de bien assimiler les aliments. Et c’est en collant au mieux à ce rythme de sécrétion, en ingérant les aliments les mieux assimilés par ces enzymes et hormones, que le régime imaginé par Delabos et Rapin fonctionne.
Rythme circadien
La nuit par exemple, de minuit à six heures du matin, nous sommes en sommeil profond, avec une température corporelle au plus bas et une sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil, qui attend son pic vers deux heures du matin. Ce n’est qu’à partir de six heures du matin, quand le soleil se lève pour schématiser, que le corps commence à sécréter du cortisol, qui va remplacer la mélatonine dont la production s’arrête juste après sept heures généralement. Le Cortisol est, pour simplifier, l’hormone du réveil qui va elle atteindre son pic vers huit heures du matin. À ce moment, nous observons une forte sécrétion de lipase, une enzyme digestive, principalement sécrétée par le pancréas, qui permet la digestion des graisses. Nous reviendrons sur son utilité dans notre régime alimentaire. Des protéases et de l’insuline sont aussi produites dans la matinée, moment de la journée où l’homme atteint sa vigilance la plus haute. Généralement, juste après le déjeuner qui se prend entre midi et quatorze heures, le niveau de vigilance baisse. Beaucoup pensent que c’est dû à la digestion du repas alors que cela fait parti d’un cycle quotidien reconnu. On peut quand même penser qu’un repas mal adapté ou trop lourd peut augmenter cette sensation de baisse de vigilance. Durant cette période de midi, le corps, en plus des protéases, va secréter de l’amylase, une enzyme digestive qui va participer au stockage des réserves protéiques et des globulines de défense. Dans l’après-midi, on observe l’apparition d’un pic d’insuline, permettant l’utilisation des sucres rapides et semi-rapides. C’est le moment de la journée où l’on a le meilleur tonus musculaire. Remarquons que cette insuline évite de stocker des protéines et permet de compenser la fatigue liée au fonctionnement des organes. Il y a peu de sécrétions d’hormones ou d’enzymes par la suite, jusqu’à l’arrivée de la nuit et donc de la mélatonine. Nous voilà repartis sur un nouveau cycle.
Nutrition adaptée
Une fois admis le fonctionnement du rythme circadien, l’idée est de composer des menus en fonction des sécrétions métaboliques, afin d’ingérer des aliments faciles à assimiler pour le corps. Notons que ces sécrétions n’ont pas comme seules fonctions la digestion et l’assimilation des nutriments. Mais c’est par ce prisme que nous les observons ici. Ainsi, le matin, il faut manger gras pour profiter du travail des lipases, avec au menu du fromage, des oeufs ou même de la charcuterie qui sera nettement mieux digérée à ce moment de la journée. L’organisme fabrique naturellement du gras (le cholestérol), et l’assimile, il faut en profiter. Faire un petit-déjeuner sucré, alors que le corps ne peut pas dégrader ce sucre n’est pas recommandé. Le midi, pour le déjeuner, il est conseillé de manger de la viande ou du poisson avec des légumes, des légumineuses ou des féculents. Ce n’est plus l’heure du gras, et pas encore celle du sucre. Justement, c’est un peu plus tard dans la journée, entre seize et dix-huit heures, pour le goûter, que l’on peut, enfin, s’autoriser des aliments sucrés. Ils seront mieux assimilés, grâce au pic d’insuline de l’après-midi, qu’à n’importe quel autre moment de la journée. Et c’est ce sucre qui va permettre à l’organisme de sécréter de la mélatonine et de la sérotonine (l’hormone de l’humeur). Ce goûter a une autre fonction : réduire l’apparition de fringale en fin de journée, pour nous permettre de manger léger au dîner, lorsque le corps ne sécrète plus aucunes enzymes digestives. Faire un vrai repas le soir, hormis pour le côté social, n’a aucun intérêt. La majorité des graisses et des sucres ne seront pas assimilés et seront stockés. Notons que lorsque l’on parle de goûter sucré, il est recommandé par Delabos et Rapin de manger du chocolat, mais noir, des fruits secs ou des fruits. Oubliez les glaces et la chantilly, surtout industrielles. C’est d’ailleurs un point important des diètes en chrononutrition, l’apport d’aliments sains et peu transformés par l’industrie. Adopter ce type d’habitudes alimentaires avec de mauvais ingrédients ne donnera pas les mêmes résultats.
Bienfaits sur l’organisme
En suivant les recommandations de la chrononutrition, l’idée est davantage de re-équilibrer son corps que de perdre du poids. Les patients ont toutefois majoritairement observé une perte de masse graisseuse, ce qui est aussi souvent recherché. Selon le Dr Delabos, il est préférable avant de débuter une pareille diète de déterminer le morphotype du patient, qui passe par une analyse sur six points : la masse et la hauteur, mais aussi la largeur du poignet, et les tours de taille, de hanche et de poitrine. Une méthode qui n’est pas sans rappeler, de manière bien moins poussée, la détermination des doshas en médecine ayurvédique. De la, chaque patient « rentre » dans l’un des onze morphotypes établis par Delabos, qui va en déduire le régime alimentaire le plus adapté à chacun. Certains praticiens conseillent aussi de réaliser au préalable un bilan sanguin (cholestérol, glycémie, triglycérides, acide urique…), toujours dans le but d’adapter la diète au patient. Bien s’alimenter et n’apporter que les quantités indispensables de tous les nutriments nécessaires à notre organisme diminue les risques d’apparition d’un grand nombre de maladie. Ainsi, la chrononutrition permettrait la maîtrise du métabolisme du cholestérol et le contrôle des diabètes non insulino-dépendants. Mais pour que ces effets soient durables, il faut prendre la chrononutrition comme de nouvelles habitudes alimentaires, pas seulement comme un régime ou une diète ponctuelle. Bref, ce n’est pas une méthode miracle, juste une nouvelle hygiène de vie. 

On parle de plus en plus de chrononutrition, un régime alimentaire tenant compte des cycles métaboliques. Comment cela fonctionne t-il ? Qu’est ce que cela apporte à notre organisme ? Faisons le point. 

bottom of page