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Saint Andrews, aux racines du golf.

Pour les golfeurs du monde entier, il existe quelques parcours iconiques. On pense immédiatement au Kauai Lagoons Golf Club d’Hawaï, à l’Emirates Golf Club de Majlis à Dubaï ou encore au Cape Kidnappers, à Napier en Nouvelle-Zélande. Mais de tous ces parcours emblématiques, il n’y en a qu’un dont on se souvienne systématiquement, pour son histoire qui est directement liée à celle du golf lui-même : c’est le Old Course de Saint Andrews en Écosse. Voilà pourquoi. 

Ceux qui y ont joué s’en rappellent. De ce départ au trou numéro un, juste devant le club house du R&A, comprenez le Royal & Ancient Golf Club of St Andrews. Une bâtisse mythique et magnifique qui signe aussi l’arrivée, puisque le Old Course de Saint Andrews fait un aller-retour, presque rectiligne sauf pour les trous 8, 9 et 10. Tout aussi mythique et emblématique du parcours, le Swilcan Bridge, ce petit pont de pierre situé sur le fairway du 18e trou et qui enjambe le Swilcan Burn. Il est encore plus ancien que le parcours lui-même, servant jadis aux bergers pour traverser la rivière. Il faut dire que parmi tous les clubs du monde, Saint Andrews est sans doute le plus vieux encore en activité. Les terres sur lesquelles il fut dessiné furent données en 1123 aux habitants par le roi David 1er. Et depuis 1552, il est autorisé d’y jouer au golf. Même si les racines de ce jeu sont en Hollande, c’est vraiment en Écosse et spécialement ici à Saint Andrews, à moins de cinquante kilomètres à vol d’oiseau au nord d’Édimbourg, que le golf a acquit ses lettres de noblesse. Aujourd’hui, pas moins de sept parcours permettent aux golfeurs venus du monde entier de fouler l’iconique gazon écossais, six dix-huit trous et un neuf, le Balgove Course. Et le R&A n’est qu’un des cinq clubs qui occupent les lieux, avec le St Andrews GC, le New GC, le Saint Rule et le Saint Regulus. Si vous souhaitez venir taper la balle sur le Old Course, faites attention à ne pas débarquer un dimanche. Les parcours sont normalement fermés, pour permettre au gazon sacré de tranquillement se reposer, et parfois à la population locale de venir se promener et pique-niquer sur les parcours. Sauf les jours de finale du Dunhill Links Championship et de l’Open Britannique, que les plus grands joueurs rêvent de gagner, comme l’ont un jour fait les John Daly, Nick Faldo, Severiano Balesteros, Jack Nicklaus et, évidemment, Tiger Wood (deux fois). Ils se sont joué du fameux bunker du trou 17, baptisé Road Hole Bunker, que l’on peut traduire par nid de poule. Un bunker creusé à la foreuse, dont la sortie est tout simplement… verticale, dans toutes les directions. Si vous y logez votre balle, ne rêvez pas, vous allez y laisser quelques coups. Mais c’est finalement la seule vraie difficulté du parcours, nettement plus accessible qu’Augusta un jour de grand vent par exemple. Alors si vous voulez venir, vous avez quatre possibilités d’obtenir un tee time sur le Old Course. Réserver en avance votre venue, sachant que les tee times de 2024 seront tous réservés fin aout de cette année. Ou passer par une sorte de loterie, qui vous permet d’obtenir le saint graal sous 48 heures. Mais elle ne fonctionne que du lundi au mercredi, car le dimanche ne joue pas. Ou encore, si vous venez seul, vous pouvez vous pointer au Old Pavillon pour espérer prendre la place d’un joueur qui s’est désisté. Ou alors passer par les quelques revendeurs autorisés qui proposent des offres groupées, transport, hébergement et tee time. Mais là encore, il faut s’y prendre assez tôt, car nombreux sont les golfeurs à vouloir jouer le Old Course.   

 

Romain Langasque, golfeur professionnel et recordman du Old Course (-11)

Followed : Lors du Dunhill Links Championship 2022, vous avez bouclé le Old Course de Saint Andrews à 61, égalant le record du parcours. Qu’est ce que cela vous a fait ? 

Romain Langasque : c’est drôle, en fait je ne l’ai pas vu venir. Sur le coup, je me suis juste dit que j’avais plutôt bien joué. C’était pourtant mal parti. Je débutais du trou numéro 10, sur lequel je rentre le par, puis je fais un bogey dès le numéro 11, pas le genre de départ dont vous rêvez. Sauf qu’après, tout s’est bien passé, avec un Eagle au 12, un par quatre où je pose un drive sur le green et je rentre un putt de vingt mètres et puis j’enchaine pas mal de birdies. J’ai vraiment pris conscience de ce que j’avais fait le lendemain, quand je me suis vu sur tous les sites internet de golf, avec une couverture médiatique que je n’avais jamais eu, même quand j’avais gagné le British Amateur en 2015. En fait, c’était Saint Andrews, la Mecque du golf. Signer le record ici, ce n’est pas comme sur un autre parcours, mon nom y est inscrit et ça veut dire quelque chose dans le milieu du golf pro.

Followed : quelle est, si toutefois elle existe, la recette pour dompter de la sorte le Old Course et faire -11 ? 

Romain Langasque : le Old Course de Saint Andrews n’est pas un parcours difficile en fait, même les amateurs prennent du plaisir et ne perdent pas de balle. Il n’y a pas réellement de trous pièges, genre super compliqués à jouer (sauf le 17 et son bunker, NDLR). Les principales difficultés restent les greens qui sont super grands et le vent. S’il y en a, vous allez devoir jouer avec ou contre selon le sens, parce que le parcours est presque tout droit et fait un aller-retour. Le jour du record, j’ai joué comme d’habitude. Je crois que ce qui a vraiment fait la différence, c’étaient mes putts. Je me souviens en avoir rentré de plus de 8 à 10 mètres. Alors quand en plus vous avez bien drivé, avec de bonnes approches, ça fait moins 11. 

Followed : quelles sont les principales difficultés de ce parcours pour un golfeur ?

Romain Langasque : comme je vous l’ai dit, c’est le vent. À Saint Andrews, quand il souffle, vous faites neuf trous avec, neuf trous contre. Et contre, c’est compliqué de faire un gros score. Pour mon record, j’ai fait moins trois contre… et moins huit avec. Pour le reste, le gazon est super bien entretenu, il faut dire qu’ils ne manquent pas d’eau en Écosse, les greens ne sont pas piégieux et roulent tous comme il faut, sans excès. C’est souvent ça qui nous gène, quand ça roule trop, beaucoup trop. 

Followed : vous êtes pro depuis 2016, et avez donc joué sur de très nombreux parcours. Quel est le plus dur selon vous ? 

Romain Langasque : justement, quand on parle de greens qui roulent trop… je me souviens de mon Master à Augusta, après une semaine de sécheresse, et avec un peu de vent, c’était l’enfer. Les putts étaient injouables, la balle roulait tellement qu’elle prenait le vent et faisait n’importe quoi. Ça ce sont des conditions super compliquées, quand les greens sont durs comme du ciment et que le vent s’en mêle. Ce qui n’arrive jamais vraiment en Écosse.

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